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Communiqué de presse


Depuis le début des années 1980, Georges Rousse affirme une œuvre photographique qui rivalise par ses formats et ses sujets avec la peinture magistrale. L’artiste grime plastiquement des espaces fictifs, traduits à la craie ou à la peinture, ordinairement réalisés à l’intérieur d’espaces abandonnés, bâtiments en friche ou désaffectés, dans la tradition des peintres reproduisant en trompe-l’œil des paysages imaginaires à partir de paysages existants.







































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Exposition du 4 juin au 14 septembre 2014. Le Creux de l’Enfer centre d’art contemporain, vallée des Usines, 85 avenue Joseph Claussat - 63300 Thiers. Tél.: +33 (0)4 73 80 26 56. Ouverture tous les jours sauf le mardi de 13h à 18h.

Georges Rousse, Le feu, le rouge et le noir, Le Creux de l’Enfer, Thiers

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2014. Tous droits réservés

Il s’agit en fait de spéculer sur la possibilité d’autres espaces cohérents qui s’enchâssent dans un premier existant, et d’en matérialiser un seul manuellement et à  trois dimensions, sans en appeler au virtuel numérique. Il en résulte une sorte de fiction éphémère démontrable, énoncée formellement par l’auteur lui-même, anamorphose intermédiaire, mirage de perception visuelle supposant une faille dans l’univocité stagnante du réel.

Ce nouvel agencement est désormais accessible au public, figé le temps de l’exposition, avec son double photographique témoignant de son leurre à partir d’un point de vue unique. L’œuvre, dans sa lecture confondante, introduit une suspicion troublante sur l’espace objectif. Sa crédibilité dépend de l’auteur qui l’a définie ; autrement dit, voici une réalité qui dépend d’un seul œil, mais que la photographie adoube au regard de tous.


Le feu, le rouge et le noir, titre de l’exposition, s’inspire de l’essence du lieu, rouge feu, noir du creux, avec au rez-de-chaussée une installation picturale / sculpturale centrale et Thiers 2014, son pendant photographique. À l’étage seront déclinées sur ce thème une douzaine de ces œuvres majestueuses et de grand format.

Certaines remontent à la genèse de cette démarche, dans les années 1980, avec la présence de personnages fantômes imprégnant l’espace, avant d’aboutir à la spatialité pure. Œuvre inédite et œuvres d’exception, c’est l’essentiel du parcours de Georges Rousse qui est ainsi proposé au public, avec l’entretien vidéo avec l’artiste réalisé durant le montage de l’exposition.

Les œuvres présentées à l’étage sont datées des années 1980 aux années 2000, collées sur panneau rigide Dibon, avec châssis aluminium au dos. Entrepôt Vichy est l’intitulé d’une grande sérigraphie de 1982 (300 x 400 cm) collée directement sur la cimaise.

Après le Plateau à Lyon au printemps 2014, l’exposition de l’été au centre d’art contemporain de Thiers referme un parcours commencé en janvier de cette même année, au Shivaji Nagar Slum de Mumbai où, avec l’aide de l’ONG indienne APNALAYA, dans une initiative bénévole, Georges Rousse a associé à ses créations des jeunes issus du bidonville de Mumbai et des jeunes Français.

Extrait de l’entretien de Georges Rousse avec Frédéric Bouglé, directeur du Creux de l’Enfer, décembre 2013

F.B. Le feu, le rouge et le noir est l’intitulé de ton exposition au Creux de l’Enfer à Thiers cet été. […] Nous sommes dans une friche industrielle, une ancienne forge, et le feu y trouve toute sa place ; tout autant que celui d’une cheminée à l’abbaye de Fontevraud, et un ensemble d’œuvres qui accompagnent sur ce thème trois décennies de création. Le rouge et le noir nous évoquent certes le roman de Stendhal, l’activité d’une âme sensible et passionnée qui se débat et se déploie dans la rudesse d’un espace cadre: « On se croît mèche, on n’est que suif. ». Il y a dans Le feu, le rouge et le noir une sorte de memento mori aussi. La plupart de ces espaces que l’on voit en photo, où tu es intervenu, étaient en fin de vie, et tes interventions les ont réanimées.

G.R. Après avoir abandonné assez tôt mes études de médecine, j’ai cherché à comprendre certans maux de notre société, en tout cas à m’en échapper par la photographie.
Fasciné par les lieux abandonnés, j’ai eu l’ambition de les transformer en œuvre d’art, l’ambition d’exister à travers ces lieux en fin de cycle qui avaient perdu toute affectation et que la spéculation vouait à  la destruction. J’ai eu l’ambition de leur donner une autre chance, comme à moi-même. Et finalement, j’y ai trouvé une sorte de frénésie existentielle, mais aussi une sorte de spiritualité sans dieu, une simple mutation du rien vers l’œuvre d’art.
Les couleurs que j’ai choisies évoqueront la nuit et le feu, mais aussi l’annonce d’une révolte continue et silencieuse contre une société spéculative. J’ai rejeté tout romantisme depuis longtemps, pour n’engager que le beau et le renouveau à partir du chaos source de créativité.

  Georges Rousse, Le feu, le rouge et le noir
  Le Creux de l’Enfer, Thiers

  04.06 - 14.09.2014