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Communiqué de presse


Après Joël Tettamanti en 2004, Olivier Amsellem en 2005, Erwan Frotin en 2007 et Charles Fréger en 2008, la Villa Noailles expose le résultat d'une nouvelle commande photographique passée cette fois au photographe Cyrille Weiner, dont on a déjà pu voir le travail à la villa en 2005, lors de l'exposition "Oui, avec Plaisir" consacrée à l'architecte Patrick Bouchain, dont il avait alors photographié, pour l'occasion un certain nombre de réalisations.


A l'issue d'une résidence de deux années à la Villa Noailles, Cyrille Weiner présente Presque île. La série explore un territoire préservé - la presqu'île de Gien, les Iles d'Or, le littoral hyérois et de l'agglomération de Toulon - sous l'angle de l'appropriation. A travers les paysages, les installations vernaculaires et les situations, Cyrille Weiner propose une déambulation poétique et une réinterprétation de l'imaginaire de l'île et du rivage.



La balade des confins, texte de Raphaëlle Stopin
Extrait du catalogue Cyrille Weiner, Presque Île


"Un homme fait le projet de dessiner le Monde. Les années passent : il peuple une surface d'images de provinces, de royaumes, de montagnes, de golfes, de navires, d'îles, de poissons, de maisons, d'instruments, d'astres, de chevaux, de gens. Peu avant sa mort, il s'aperçoit que ce patient labyrinthe de formes n'est rien d'autre que son portrait." Jorge Luis Borges


Pendant deux ans, à intervalles irréguliers, le photographe venait et revenait sur la presqu'île et ses terres voisines. Il préférait l'avant ou l'arrière-saison, le février frissonnant, le juin encore lascif, le septembre de la quiétude retrouvée. Là, à Giens, il empruntait les sentiers qui parcourent le territoire escarpé. Montant un chemin caillouteux, descendant une pente argileuse, ocre, glissante, çà et là crochetée de racines de pins noueux, il marchait, destination l'image.


Elle se présentait à lui ai détour d'un étroit passage tracé parmi les herbes hautes jaunies, le promeneur s'approchant, laissant la mer en contrebas, tout entier à sa déambulation, aveugle au viseur du photographe ; ou encore derrière un mur épais de roche lavée, en la personne de ce petit dos rouge, courbé vers la mer toujours lointaine. L'image saisie est souvent celle d'un passager en transit, dans un paysage qui semble partout afficher sa superbe indifférence à cette présence fugitive. La nature est revêche, âpre. Elle ne se livre pas en espaces propices, aménagés pour le loisir de l'homme, elle ne se conquiert pas non plus, elle se laisse fréquenter, doucement effleurer par le promeneur.


Le photographe l'a choisi toujours immergé dans l'ample visage, dans la touffeur des sentiers, dans les terres boisées de troncs élancés auxquelles ils menaient, dans le bleu du ciel et de la mer où la cimes encore conduisaient regard et pas. Abandonné au paysage, rarement occupé à quelque activité familiale, souvent dédié à la contemplation rêveuse de l'infini - exercée seul ou dans une solitude partagée - l'arpenteur se voit offrir là ce qu'aucun droit de propriété ne peut s'arroger, l'horizon.


La contemplation l'amène parfois à goûter au délice quand, subrepticement, il perçoit l'écho complice du scintillement de l'onde et de l'éclat métallique du mica sur le sable. Alors il sait qu'à l'extrémité de cet étroit sentier, il a inventé "son coin". Peu importe qu'il soit partagé si le nombre reste silencieux. Un autre jour, il y revient, la lumière a changé, l'air n'est plus le même, son humour a viré, et puisque selon les mots d'Emerson "la nature porte toujours les couleurs de l'esprit", il ne reconnaît plus son havre, reprend le chemin, poursuivant sa quête. Tant de rivages avant de trouver le sien. Confins du monde, début de soi.


Henry David Thoreau écrivait:
"Dirige ton oeil droit en toi, et vois

Mille régions en ton âme

Encore à découvrir. Parcours-les, et sois

Expert en cosmographie-du-chez-soi."


Au cours de ces séjours successifs, le photographe, en retrait, s'imprégnait de ces chimères pour mieux les retenir. Ses images portent en elles le fantasme de leurs occupants, cette autre moitié que leurs yeux embrassaient par-delà le champ. De ses excursions, il ne ramena donc nul relevé topographique, mais des vues de l'esprit, dessins impressionnistes qui, l'un après l'autre, dressent la carte mouvante d'une cosmographie-du-chez-soi.

  Cyrille Weiner, Presqu'île
   Villa Noailles, Hyères
  18.10 - 06.12.2009

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Cyrille Weiner, Presqu'île, photographies à la Villa Noailles, Hyères

Exposition du 18 octobre au 6 décembre 2009. Villa Noailles - 83400 Hyères. Tél.: +33 (0)4 98 08 01 98. Ouverture tous les jours sauf lundi, mardi et jours fériés de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30. Entrée libre.