Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (T)
Le texte de Marie Deparis-Yafil, commissaire d’exposition
Mai Tabakian est une artiste franco-vietnamienne, née à Paris en 1970. Elle vit et travaille à Paris et Montrouge. Elle obtient un double diplôme en droit et en Histoire de l’Art. En 2010, elle choisit de se consacrer entièrement à l’art. Ses oeuvres, principalement sculpturales, font essentiellement appel au textile, désormais médium à part entière dans l’art contemporain, dans une technique très particulière de « marqueterie textile » dont elle est dépositaire.
Formes douces, couleurs acidulées, le travail de Mai Tabakian évoque au premier regard un univers enfantin, mais à y regarder de plus près, le doute s’installe. On perçoit alors le jeu subtil entre attraction et répulsion, une fascination pour le vivant certes mais aussi pour ce moment particulier où la vie va bientôt céder la place à la décomposition, l’angoisse de la fin comme celle d’un éternel recommencement.
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Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Mai Tabakian développe un travail textile architectural et sculptural entre couture, suture et matelassage. Sa démarche plastique, aux apparences suaves et colorées, est sous-tendue par une quête physico-métaphysique d’explication du monde, la recherche d’une logique dans le fonctionnement de l’univers, notamment à travers l’observation de la Nature comme de notre propre nature, de ce qui nous compose, de la cellule aux grandes questions existentielles. « La Nature, « le grand tout », n’est finalement qu’un assemblage de « petits touts » », dit-elle, « comme mes sculptures et mes installations sont un assemblage de textiles, mettant l’angoisse à distance mais gardant aussi un certain mystère. »
Formes sensibles, l'exposition monographique de Mai Tabakian à la Manufacture de Roubaix, se présente comme une sorte de rétrospective. Montrant un ensemble d'oeuvres réalisées au cours de ces dix dernières années, l'exposition parcourt et unifie les préoccupations esthétiques, formelles et philosophiques de l'artiste franco-vietnamienne, qui se définit elle-même davantage comme sculptrice que comme «artiste textile» à proprement parler. Car si l'artiste construit des objets résistants aux catégories, ni tableau ni sculpture au sens traditionnel du terme, ni couture ni broderie, ni tapisserie, flirtant constamment avec l’hybride et la mutation, le textile est pour elle en soi non un propos mais un vocabulaire.
Dans l'oeuvre de Mai Tabakian, les formes géométriques, les compositions chromatiques franches ou acidulées, le souci des volumes et des surfaces semblent résulter d’un brassage de références historiques, de l’abstraction géométrique à l’op art, de l’orphisme à l’art concret, de Stilj à l’abstraction américaine en passant par, peut-être, les jeux de couleurs et de formes du new pop superflat ou les rondeurs colorées de Kusama…
Dans le même temps, tout dans l’oeuvre de Mai Tabakian laisse supposer un pas de côté, une fuite libre hors de ces sentiers déjà battus. La dimension sculpturale -voire architecturale- de son travail dans le médium qu'elle a choisi, l'esthétique globale de son oeuvre, offrent des alternatives inédites, à la fois à ces attendus de l’histoire de l'art moderne et contemporain, mais aussi aux actuelles productions d’oeuvres textiles.
Le travail de Mai Tabakian pourrait s’apparenter à une sorte de marqueterie textile, le tissu étant embossé sur des pièces rondes de polystyrène extrudé. L’artiste n’utilise pas le tissu comme une matière à coudre, à assembler comme un vêtement, autour d’un corps, fusse-t-il fictif, mais bien comme un medium pictural, par lequel couleurs, textures et éventuellement motifs s’apparentent à la palette du peintre. Pour elle, le tissu présente une grande richesse tant sur les plans plastique, chromatique, texturel, que dans ce rapport si particulier et sensuel au toucher, souvent ignoré dans la création plastique. Dans leurs épaisseurs, leurs formes pleines et rebondies, leurs sinuosités, les oeuvres de Mai Tabakian donnent irrésistiblement envie d’en découvrir l’intime géographie sous les doigts.
Le polystyrène extrudé est un isolant thermique, utilisé principalement dans le monde de la construction. Soit solide, soit sous forme de mousse, c’est un type d’isolant en vrac constitué de petites billes de polystyrène.
Focus sur les oeuvres
L’artiste a d’abord été inspirée par les pavages labyrinthiques des cathédrales de Chartres, d’Amiens ou encore de Cologne, en Allemagne, tant pour leur dimension formelle, géométrique et bi-chromique que pour ce que symbolise ce type de dédale : la lutte pour élucider le monde, pour cheminer vers son salut malgré les tourments de la vie et la tentative, en architecturant l’espace, d’ordonner le chaos.
Se dessine alors l’idée du « Jeu de l’oie », également utilisé dans les thérapies systémiques pour replacer un événement traumatique dans la temporalité d’une histoire. Métaphore du « chemin de la vie » par excellence. Le jeu de l’oie a pour but de parvenir, entre embûches et coups du sort, au « Paradis ». Jeu de la destinée, de la «fortune » et du « bonheur », au sens premier de ces termes, l’audacieux jeu de l’oie de Mai Tabakian réinterprète dans son langage plastique chacune des 63 stations. Toutes les cases sont traitées avec beaucoup de recherche, dans une alternance de formes géométriques abstraites, de formes végétales ou de motifs de « quilt » anglo-saxon.
La plupart des oeuvres de Mai Tabakian ouvre à une réjouissante pluralité des interprétations, l’artiste entretenant à plaisir les ambiguïtés, tant dans ce qu’il nous est donné à voir qu’à comprendre, lorsque nous en découvrons les titres. Que dire, par exemple, de ce qui compose son mystérieux Garden Sweet Garden : s’agit-il de fleurs dévorantes, de champignons vénéneux ? De visions hallucinatoires ou de plantes psychotropes susceptibles de les provoquer ? De confiseries géantes dignes de l’imagination de Willy Wonka, le héros du conte de Roald Dahl ?
La multiplicité des interprétations possibles, si ce n’est leur duplicité, se rapportant donc à l’intention, à la disposition d’esprit de celui qui regarde, suggère par là-même l’idée freudienne d’une « rencontre inconsciente » entre l’artiste et le regardeur, dont l’oeuvre fait médiation, rencontre qui, comme dans la rencontre amoureuse, opérerait en amont de la conscience…
Seize sphères, seize « pupilles » imposantes semblent nous regarder... Mai Tabakian les a baptisées «Gardiens», et l’interprétation très polysémique de cet ensemble d’oeuvres relève d’un foisonnement de références possibles, ésotériques et esthétiques.
Les « Gardiens » nous guident-ils, nous protègent-ils, à la manière de l’OEil Oudjat de l’Egypte antique ? A moins qu’ils ne nous surveillent, à l’instar de l’OEil de la Providence ou ne soient menaçants, comme le Rôdeurbdu « Prisonnier »... Ou peut-être s’agit-il de l’incarnation de l’oeil omniscient de quelque divinité ? Fascinants, étranges, inquiétants, ces « Gardiens » oscillent entre science-fiction et allégorie, d’une sorte de Big Brother orwellien à l’oeil de HAL9000 dans « 2001: A Space Odyssey » de Kubrick, de l’art optique de Vasarely à l’esthétique rétro-futuriste qui, dans les années 70, explorait l’imagerie d’un futur qui n’existera jamais.
Exposition du 09 avril au 20 juin 2022. La Manufacture, Musée de la mémoire et de la création textile, 29 avenue Julien Lagache -59100 Roubaix. Tél. : +33 (0)3 20 20 98 92. Ouverture du mardi au dimanche de 14h à 18h.
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