Communiqué de presse


L’exposition est composée d’une maquette des silos de la coopérative Gascoval de Lombez et d’un ensemble de photographies de silos réalisées par Edouard Sautai, lors d’une résidence dans l’Eure dans le cadre du centenaire de la coopérative.


La maquette, description d’Edouard Sautai

 

“ Une construction éphémère réalisée sur place reprendra à échelle réduite la forme des silos de Lombez. Ceux-ci, installés ici au pied de la cathédrale, blottis sous la halle, perturbent le rapport de grandeur qui les confronte régulièrement à la conquête du ciel. C’est aussi un moyen de rap­procher les habitants de ces constructions a priori peu appréciées, mais dont les qualités sont à découvrir. Il faut noter qu’aujourd’hui, les patrimoines industriels classés par les Monuments His­toriques sont de plus en plus nombreux et qu’ils viennent élargir, aux côtés des églises, châteaux, demeures et autres forteresses, l’éventail d’une collection architecturale de plus en plus diversi­fiée. Mettre des silos sous la halle, c’est permuter la place des choses. En effet, la halle, architec­ture historique remarquable, va abriter les silos, beaucoup plus récents. C’est l’occasion de mêler deux architectures dont le seul lien est le monde agricole, la halle étant le lieu du commerce du produit agricole, le silo, celui du stockage.

Cette sculpture temporaire sera détruite à la fin de l’exposition. Elle est constituée d’une structure de tasseaux habillée de plaques de plâtre. Ce matériau à été choisi pour sa mise en oeuvre tout à fait particulière. Il se découpe en réalisant un trait de cutter et se brise ensuite naturellement en suivant le tracé. C’est cette manière de procéder qui le rapproche pour moi de l’origami, science du pliage.

Finalement, c’est de nouveau ici l’occasion d’une mise en oeuvre spécifique détournée et réinven­tée pour produire des constructions géométriques. Visuellement, c’est aussi ce qui se rapproche le plus des images générées par les logiciels de 3D avant la mise en texture. Les plans blancs assemblés se combinent aux cylindres facettisés dans une esthétique très numérique.

La halle abritera les constructions de la pluie mais elle conditionnera aussi la dimension de ces maquettes géantes qui sera déterminée par la hauteur disponible sous son toit.

Cette confrontation historique, qui prend place dans un lieu ouvert, augmente les chances d’ame­ner un plus large public à découvrir cette oeuvre. Pour tenir compte de l’utilisation régulière de cet espace pour diverses manifestations, la construction sera cantonnée dans l’une des neuf cellules de la halle, n’occupant que la surface au sol de 35 m2 (5x7 m) inscrite entre quatre poteaux. “


























































 







Exposition du 23 juin au 16 septembre 2012. Maison des Ecritures, 4 rue Notre Dame - Lombez. Tél.: +33 (0)5 62 60 30 47. Ouverture lundi, mardi, vendredi de 14h à 18h, mercredi et samedi de 9h à 12h.

Les photographies, texte d’Edouard Sautai


L’exposition comprend 12 photographies de format 83x62cm, issues d’une série de 28 photogra­phies de silos, réalisées en 2008 au cours d’une résidence au lycée agricole du Neubourg dans l’Eure. Ces images donnent à voir les silos tels des monuments regardés sous un angle choisi avec soin pour mettre en avant leurs qualités esthétiques. Les imposantes constructions d’acier ou de béton pourraient prendre également le statut de sculptures posées dans le paysage.


“ Certaines architectures accèdent au rang de patrimoine, et l’on s’accorde pour en admirer collec­tivement la valeur esthétique. Les silos en béton de la première moitié du 20éme siècle ne sont pas encore ou peu considérés comme tels. Leur forme aride, minimale, radicale, sans excentricité et leur très grande taille en font des objets peu aimés, alors qu’ils peuvent, si on leur prête attention, présenter un intérêt du même ordre de grandeur qu’un monument plus “classique“. L’une des fi­gures qui en fit l’éloge est l’architecte Le Corbusier qui s’inspira de leur forme pure pour sa création. Selon lui, ces « architectures d’ingénieurs » sont le point de départ pour un renouvellement de la forme. Celle-ci doit se réduire à une géométrie simple et se débarrasser d’éléments décoratifs non fonctionnels.

Ce qui m’attache personnellement aux silos est leur aspect le plus souvent cylindrique, qui résulte directement de la fonction de contenant. Les contenants de matières en vrac, liquides ou grains, bouteilles, bombonnes, cuves, réservoirs, silos, doivent tous leur forme à la mécanique des fluides. Si l’on peut croiser parfois aujourd’hui quelques verres ou bouteilles de forme carrée, ce ne sont que des exceptions. Le contenant est rond avant tout car c’est la condition de sa résistance à la pression du fluide qu’il contient sur sa surface.

On peut citer un autre exemple de mise en valeur des silos avec le travail du couple allemand Becher qui a parcouru le monde en quête de sites industriels et qui, durant plusieurs décennies, a constitué un véritable répertoire photographique patrimonial.

Je souhaite que ce projet, même si ce n’est pas sa vocation première, participe à mieux faire connaître ces objets mal-aimés. Et peut-être, à défaut de les faire aimer, de changer le regard qu’on porte sur eux. Puisque selon moi, le rôle de l’artiste n’est pas de décorer ni de cacher les “incongrui­tés“ du monde mais plutôt de modifier notre perception à leur égard. “


Archives expositions personnelles France

Edouard Sautai, Coopérative Gascoval, Lombez

Archives expositions personnelles (S)

  Edouard Sautai, résidence et exposition
  Coopérative Gascoval, Lombez
  23.06 - 29.07.2012

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