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L’art qui dialogue avec l’environnement

Extraits du dossier de presse


Le Centre photographique d'Ile-de-France présente la première monographie d'envergure de l'artiste espagnole Anna Malagrida. Par la photographie et la vidéo, son oeuvre explore les limites entre l'espace privé et l'espace public. Celles-ci se matérialisent par la fenêtre, interface entre les deux univers. Les différentes séries alternent les points de vue à travers ce cadre symbolique, se font écho et révèlent la fragilité de notre société.


L'exposition d'Anna Malagrida au Centre photographique d'Ile-de-France intègre un ensemble de pièces inédites.


Depuis la fin des années 1990, cette artiste incontournable sur la scène contemporaine espagnole développe un travail photographique et vidéo qui s'articule autour d'une pratique de l'accomodation, d'une dialectique entre espaces intérieurs et extérieurs, visibilité et invisibilité, d'allers-retours entre le proche et le lointain, la réalité et sa représentation.


Anna Malagrida prélève des fragments de réel, à travers lesquels l'instable et l'ambigu s'opposent à toute vision univoque. La frontière, thème récurrent de l'oeuvre, se matérialise notamment par la fenêtre, ressort d'exploration ou de perturbation du visible.


Au-delà des aspects symboliques de passage entre deux mondes, la vitre, qui tour à tour voile ou dévoile la vue, opère une métaphore de la formation de l'image sur sa surface d'inscription, voire de la photographie elle-même, qui hésite ici souvent entre description et abstraction.


Faire l'expérience du visible avec les photographies d'Anna Malagridan c'est, devant une vitrine parisienne, derrière la fenêtre d'une chambre d'hôtel au Moyen-Orient, ou un rideau de fumée, être invité à réévaluer son propre acte de regard.


Commissariat d'exposition : Isabel Tejeda et Nathalie Giraudeau


"Pour Anna Malagrida, la photographie est plus qu'un fidèle reflet de la réalité, ses modalités dépassent de loin la notion traditionnelle d'instantané. Au-delà de la représentation, elle construit des images où la trace du réel est palpable, créant des pièces aussi poétiques que contenues."
"Son oeuvre revêt une dimension très particulière, l'appareil photographique nous renvoyant, tout en nous dévoilant un extérieur, à notre espace intime, intérieur
." Isabel Tejeda



La série Interiores (Intérieurs), 2000-2002, se compose de 18 photos divisées en deux sous-séries. La première est une collection de portraits de personnes proches de l'artiste mis en scène dans leur intérieur et éclairés par le halo lumineux d'écrans de télévision ou d'ordinateurs.

La seconde reproduit, vues de l'extérieur, les fenêtres d'un immeuble à l'architecture rationaliste voisin de la gare Montparnasse à Paris. L'intrusion dans l'espace privé que représente la série de portraits est ainsi complétée par un point de vue distant, qui peut se confondre avec celui du voyeur, dans sa vision extérieure de l'immeuble.

Vistas veladas (Vues voilées) est une série de photographies prises dans la ville d'Amman (Jordanie) depuis les grandes fenêtres de quelques hôtels de luxe qui dominent la ville. Le point de vue choisi offre une vision privilégiée de la ville et incarne un symbole du pouvoir : celui d'un observateur distant qui réside temporairement dans les lieux.

Pendant la prise de vue un petit incident est survenu : les rayons x des machines de contrôle situées dans les différentes portes d'entrée des hôtels ont provoqué le voile partiel des quelques négatifs par une superposition à la lumière. Ces voiles accidentels ont servi le processus de travail et sont devenus le sujet principal de cette série photographique : le voile comme un écran, métaphore d'une vue aveugle et de la fragilité d'un monde qu'on perd de vue.

Danza de mujer (Danse de femme), installation vidéo, reproduit l'intérieur d'un refuge du désert jordanien et explore l'illusion de l'espace. Une petite fenêtre recouverte d'un tissu noir nous rappelle le visage d'une femme voilée. Le rideau animé par le vent semble danser et établit un dialogue entre l'espace extérieur et intérieur ; il protège et enferme dans l'obscurité et dévoile par la lumière, comme s'il s'agissait d'un obturateur photographique.

Les images de Escaparates (Vitrines) se concentrent sur un dispositif visuel - la vitrine - et s'identifient à celui-ci pour annuler son usage et l'utiliser comme le véhicule d'une réflexion. Il s'agit de vitrines de commerces condamnées à Paris, recouvertes au blanc d'Espagne qui empêche de voir clairement l'intérieur.

Le regard se déplace du reflet de la ville à la surface de la vitre recouverte d'inscriptions. La tension de la ville s'incarne alors sous la forme d'une abstraction dans ces grandes images que nous pouvons aussi regarder avec distance.

La vidéo Frontera (Frontière) est une intervention réalisée dans un décor naturel. Un plan fixe d'un paysage printanier accompagné par les sons de la nature est déstabilisé par une explosion, suivie de l'apparition d'une fumée rouge qui envahit le champ visuel.

Après avoir recouvert le paysage, la fumée semble reculer, absorbée par la terre, jusqu'à sa total disparition dans un retour à l'image initiale.

La scène a été enregistrée sur l'ancienne frontière entre l'Espagne et la France, dans les montagnes des Corbières. A cet endroit, qui divise les deux Etats, et qui a été la scène de conflits dans le passé, la fumée de Frontera fonctionne comme métaphore de la mémoire du lieu.

Point de vue signifie à la fois l'endroit où se situent la vision et son absence, une idée et son contraire. Le projet photographique a été réalisé dans un centre de vacances situé près de la frontière franco-espagnole dans le parc naturel du Cap de Creus peu de temps avant sa démolition.

A la fois strictement documentaire et délibérément picturale, cette série est une sorte de catalogue de points de vue condamnés du lieu. La fenêtre, enduite de peinture et de signes, se fait écran et empêche de voir de l'autre côté, là où se trouve la mer, frontière imprécise entre deux Etats.

  Exposition monographique d'Anna Malagrida
  CPIF, Montault-Combault
  08.01 - 13.03.2011

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  Exposition monographique d'Anna Malagrida, CPIF, Montault-Combault

Exposition du 8 janvier au 13 mars 2011.  Centre photographique d'Ile-de-France, 107 avenue de la République - 77340 Pontault-Combault. Tél.: +33 (0)1 70 05 49 80. Ouverture du mercredi au dimanche de 10h à 18h.