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Communiqué de presse


En résidence au Forum du Blanc Mesnil depuis fin 2005, Georges Rousse a inlassablement arpenté et observé la ville, investissant et transformant des lieux désaffectés aussi divers qu'emblématiques, logements sociaux, équipements sportifs, bâtiments municipaux, etc.


Accompagné de bénévoles et en relation permanente avec les habitants de proximité, l'artiste a métamorphosé ces lieux "sans qualités" en espaces de création, de rêverie, de méditation. Au sol, au plafond, sur les murs apparaissent peu à peu les contours d'une intrusion "picturale". L'espace réel est alors devenu espace de projection pour des figures issues d'une autre dimension.

© Georges Rousse © Georges Rousse

Interventions de Georges Rousse durant sa résidence au Blanc-Mesnil

Le texte de Georges Rousse résumant sa résidence de deux ans au Blanc-Mesnil dans différents espaces de cette banlieue au nord de Paris.


"Mes premières oeuvres furent réalisées dans deux appartements en vis-à-vis de la cité Montillet avant leur destruction. J'ai peint la totalité de l'un d'un rouge fluo extrêmement difficile à photographier, un carré et un long rectangle, en réserve, témoignant de ce que fut l'espace. Dans l'autre appartement, plus ou moins identique - seule variait la qualité des tapisseries - j'ai peint les mêmes formes dessinées depuis le même point de vue du même rouge fluo comme le négatif des formes de l'espace précédent.

J'ai réalisé une autre oeuvre dans une ancienne cuisine municipale, vaste cube, maintenant utilisée comme dépôt. Sans doute est-ce cette proportion, presque cubique, qui m'a attiré, ou les grilles d'évacuation sur le sol qui dessinaient presque naturellement des plans flottants dans l'espace, dorés par les résidus graisseux. J'ai emporté une photographie de cet espace au Népal afin de trouver l'invention la plus juste, par une série de dessins. Aidé par la ligne de lampes au néon qui flottaient dans les airs, accrochées au plafond, je répondais aux masses noires su sol par une série de plans verticaux traversant l'espace.


Dans l'atelier mis à ma disposition au sein de la cité Pierre Sémard, constituée de bâtiments en bois, sortes de chalets géométriques aux toits pointus, un imposant escalier en bois occupait l'espace. La configuration particulière et l'originalité du lieu m'ont conduit à m'interroger sur sa réalité visuelle. Depuis la porte d'entrée la pièce est presque triangulaire, avec sur la gauche une ouverture, elle, nettement triangulaire et inclinée, où passait le vaste escalier en bois que j'ai fait enlever par la suite. Au fond, la lumière entre par un rideau d'ouvertures triangulaires. J'ai encore accentué l'irréalité de cette architecture par le point de vue en contre-plongée que j'ai choisi, afin d'accélérer la perspective. L'image est-elle réalité ou fiction? L'écriture du mot REAL dans l'espace interroge, comme dans la plupart des oeuvres que je crée, la réalité photographique. Cette première image, ayant comme posé la problématique, évolua vers une fiction complète d'architecture et le recouvrement de l'espace avec la peinture. Je décidai de le peindre en bleu, laissant un carré, où arrive la lumière.


C'est dans cet atelier que naissait dans mon esprit le rapprochement utopie/banlieue. La réalité quotidienne étant directement perceptible, que devais-je ajouter pour faire entrer le réel dans la fiction? Faire l'expérience de l'espace monochrome, physique pour moi qui suis dans cette autre réalité, mais aussi la partager avec celui qui regarde l'image. Un tel espace est-il réel? fictif? Le carré dans la première oeuvre montrait la lumière, le suivant la révèle dans un espace où j'ai construit une perspective de colonnes sans référence et mon effort a consisté à sortir du réel, construire sans finalité ou fonctionnalité autre que suggérer le rêve, mettre en évidence une lumière magique, tout ce qui peut être loin du quotidien et du conventionnel. L'atelier s'est constitué de deux sous-espaces: le monochrome bleu, et le carré évanescent blanc où s'inscrivent des colonnes aux formes étranges et où semble se dérouler un théâtre d'ombres et de lumières.


Lors de la visite d'un gymnase incendié pendant la révolte des banlieues, j'ai immédiatement souhaité y faire une oeuvre afin d'être au plus près du vécu quotidien. ici, le réel joue le rôle du cadre, tandis que l'image montrée est le vide, noir, symbolisant la combustion de ce qui vient de brûler. Par chance au moment de la prise de vue, l'espace fut traversé par une projection du soleil.


Dans une ancienne école, la salle était traversée par une série de paillasses caractéristiques des classes de chimie ou de sciences naturelles. J'ai immédiatement installé mon appareil photo au-dessus des tables blanches et imaginé d'autres plans noirs qui coupaient perpendiculairement l'espace.


L'exposition du Forum fait la synthèse de mes préoccupations plastiques, elle raconte mon histoire avec ce qu'habituellement on appelle péjorativement, la banlieue, pour transcender cette réalité et ma tentative de la remplacer par le rêve, la couleur, la sculpture et l'espace."



  Georges Rousse, Utopique banlieue
  Forum du Blanc-Mesnil
  07.07 - 01.12.2007

Exposition du 7 juillet au 1er décembre 2007. Forum du Blanc Mesnil, 1-5, place de la Libération - 93150 BLANC-MESNIL. Tél.: 01 48 14 22 00. Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h.




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Georges Rousse, Utopique banlieue, Forum du Blanc-Mesnil