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L’art qui dialogue avec l’environnement

Communiqué de presse

Pour son exposition personnelle au musée de l’Abbaye / donations Guy Bardone – René Genis de Saint-Claude (Jura), le photographe et vidéaste Rémy Marlot présente trois séries photographiques et une vidéo, autour des thèmes du paysage et de la vallée, en résonance avec le lieu.

L’exposition intitulée The Valley, du nom de la série inédite que Rémy Marlot a choisi de développer pour le Musée de l’Abbaye, se déroule en trois volets autour de thèmes chers à l’artiste. Au delà de l’architecture, du paysage, de l’ornement architectural ou végétal qui apparaissent comme des motifs récurrents dans le travail de Rémy Marlot et qui se déclinent au gré des séries photographiques, il s’agit avant tout d’un travail sur la lumière. Captant la magie de la lumière à l’instant où elle rend le réel surnaturel dans les séries Saint-Claude et The Valley, utilisant le contre-jour, qui vient découper les éléments architecturaux de la cathédrale de Cologne dans la série des Black Churches, Rémy Marlot porte au regard du spectateur une vision radicale de son sujet. La montagne de Saint-Claude prend un aspect irréel, tandis que les imposants monochromes des Black churches transfigurent les façades de la cathédrale de Cologne en un objet pictural abstrait, aussi inquiétant que fascinant.

L’exposition débute par la série Black churches, dont 4 tirages de format 160 x 120 cm, représentant la cathédrale octocentenaire de Cologne sous un jour inattendu, répondent à l’histoire-même du musée et son passé religieux. Edifié sur les fondations de l’abbaye qui fut à l’origine-même de la ville de Saint-Claude, situé sur la place de la cathédrale, le musée est en effet chargé d’un passé spirituel très présent dans le lieu.
Cadrées de manière très serrée, les façades de la Cathédrale de Cologne prennent sous l’objectif de Rémy Marlot un aspect monochromatique bleu nuit qui est du à la lumière du jour telle qu’elle a été captée par l’appareil photographique et qui n’est naturellement pas visible pour nos yeux. Le choix du contre-jour donne une atmosphère nocturne au sujet, il intensifie les contrastes et sculpte chaque détail de la façade ramenée à l’abstraction par la pureté et la profondeur de la couleur, la séquence des lignes et des ornements de pierre qui ponctuent chacun de ces grands monochromes. Le regard se raccroche ici et là à une pierre taillée, verdie par les mousses, la brisure de la ligne d’une corniche, ou une gargouille, animal fabuleux, gardien du Temps surgi de cette masse de pierre, de couleur et de lumière.

La série The Valley répond à la situation géographique particulière de la ville et du musée, au fond de la vallée du Val de Bienne, enclavés dans les montagnes. Les 16 tirages de format 100 x 77 cm, montrés ensembles pour la première fois au musée de l’Abbaye, constituent l’idée d’une vallée imaginaire à partir de vues parcellaires photographiées dans des lieux aussi variés que les bordures de la Forêt Noire, le massif du Morvan, la ville de Saint-Claude ou Paris.

Pensée comme un puzzle, un assemblage de fragments de paysages naturels et urbains, The Valley développe, au travers d’une esthétique du délabrement et de l’envahissement de la cité par la nature, le mythe d’une cité perdue, désertée, abandonnée. Confrontant et confondant les notions de Nature et de Culture, les photographies de la série offrent l’image crépusculaire d’un monde en ruine, suspendu dans le temps comme si la vie avait quitté les lieux, renforcés par les ciels blancs et vides des images. Certains lieux, indatables évoquant une vision romantique du paysage, mais comme vidée de sa substance, le disputent à des vues très contemporaines et âpres, comme ces immeubles, peu à peu envahis par la verdure environnante.

The Valley, dans sa beauté crépusculaire, exprime, non seulement l’idée de la fin d’un monde, mais encore celle d’un après, dans cette étrange sensation d’apaisement.

 







  Rémy Marlot, The Valley
   Musée de l’Abbaye, Saint-Claude
  24.10.2009 - 28.02.2010

Rémy Marlot, The Valley, Musée de l’Abbaye, Saint-Claude

Exposition du 24 octobre 2009 au 28 février 2010. Musée de l’Abbaye / donations Guy Bardone – René Genis, 3 place de l'Abbaye - 39200 Saint-Claude. Tél.: +33 (0)3 84 41 42 32. Ouverture tous les jours sauf lundi et mardi de 10h à 12h et de 14h à 18h.

L’exposition se poursuit par la série Saint-Claude, réalisée lors de la résidence de l’artiste en 2009. Elle déplie un panorama du paysage montagneux qui cerne la ville. Composée de 15 photographies de format 50 x 60 cm, dont 10 sont exposées au musée, face aux baies vitrées qui ouvrent une percée sur la montagne, cette série propose une vision globale du paysage, mis en miroir par le point de vue du spectateur, confronté en même temps à l’objet et à sa représentation.

Les formats verticaux embrassent le paysage, mis à distance par la vallée d’où les photographies sont prises, en offrant un cadrage plus large qui permette de regarder la montagne dans son ensemble. Comme dépliée et mise à plat sur le mur, la présence massive et écrasante de la montagne est alors réduite à une échelle qui donne au spectateur la possibilité d’en saisir la totalité d’un seul regard.

Les couleurs éthérées des images, les brumes qui s’élèvent de la montagne et la lumière crue de l’hiver transforment le paysage en un monde aérien, léger, impalpable, d’une beauté irréelle qui invite à la rêverie et au ravissement contemplatif, autant qu’à la méditation face à la spiritualité du lieu.

Parallèlement aux séries photographiques, la vidéo Water, réalisée en 2009, est présentée en exclusivité au musée de l’Abbaye / donations Guy Bardone – René Genis. Elle reprend l’ambiance fantasmagorique et inquiétante des vidéos que Rémy Marlot réalise depuis 2002, sous une forme fictionnelle poétique. Cette oeuvre évoque, dans une approche contemporaine, les mythes des divinités et des esprits des Eaux. S’ouvrant sur le long plan-séquence ralenti d’une chute d’eau qui devient peu à peu hypnotique, Water met en scène une femme nue se baignant dans le cosmos avant de s’y dissoudre.

Commissaire de l'exposition : Valérie Pugin


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