Archives expositions personnelles France
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Communiqué de presse
La série Cable Mountains de Zir témoigne des traces laissées par l'homme dans les milieux naturels. Ces photographies tentent de sortir de leur contexte et de leur usage ces mécanismes aux formes étranges. Les remontées mécaniques ne ssssont plus seulement les outils de l'homme pour voyager à travers la montagne mais des engrenages improbables dont la présence en altitude semble sans fondement.
Les photos puisent dans ces formes mécaniques une dynamique, une impulsion graphique qui rythme la série jusqu'à s'éloigner de la fonction première des objets. Ces roues, ces câbles et ces pylônes évoquent alors des machines à remonter le temps ou des engrenages mystérieux, comme une intrusion étrange et poétique dans le paysage alpin. Zir est Cyril Entzmann, photographe indépendant né en 1972. Dans son travail personnel, Zir développe plusieurs approches, touchant aussi bien à la mémoire de l'intime, au corps, notamment la série Sous l'eau dont Chambres avec Vues a déjà exposé quelques tirages en N&B et au paysage comme en témoigne cette série.
Texte de Séverine Pache,
Conservatrice adjointe du musée Suisse de l’appareil photo, Vevey
Tout a démarré par une étrange silhouette métallique dans un paysage de montagne. Sur une de ses images, Zir avait capturé cette structure, mobilier a priori disgracieux des montagnes, symbole du tourisme dans les paysages alpins. L’idée fit son chemin doucement. C’est au cœur de cette cohabitation étrange entre nature sauvage et infrastructure des sports d’hiver que le photographe a su reconnaître une véritable poésie visuelle.
Cette série s’est construite au gré de visites régulières pendant trois hivers, dans les jours blancs, les ambiances brumeuses, dans les nuits de pleine lune, sous les flocons, dans les brillances des cristaux… Le regard a enrobé ces sculptures fonctionnelles, voyagé entre les câbles, détaillé les rouages, escaladé les pylônes. La météo changeante a fourni des lumières dignes de conférer à chaque mot de ce langage métallique une consonance poétique.
Au fil des photographies, on accompagne chaque expédition du photographe dans ces contrées hivernales. Pas à pas, nos pieds se placent dans les empreintes qu’un guide a laissées dans la couche de neige, pour lever les yeux sur ce que notre regard voudrait d’abord éviter : cette organisation humaine incongrue au sein d’un paysage que nous souhaitions intact. Zir nous propose d’appréhender cette matière dans le dialogue esthétique qu’elle entretient avec les éléments naturels. La lumière caresse les frêles silhouettes de fer, qui prennent des allures de machines maladroites, d’insectes techniques s’agrippant au manteau blanc. Quelquefois, leur graphisme délicat des installations strie la brume de fils et d’éléments en suspension qui semblent flotter loin de toute matérialité. Dans d’autres photographies, le métal se concentre pour s’organiser en tissages absurdes, fermement cramponnés au flanc des montagnes. Le regard voyage, passe d’ambiances diurnes cotonneuses, où les formes évoquent parfois celles des lignes ferroviaires, des constructions des fêtes foraines, aux scènes nocturnes qui rendent au décor sa puissance menaçante, avec une présence humaine lointaine, un village lumineux comme un mirage.
© Zir, Cable Mountain 11, Lambda print sous Diasec 120 x 120 cm
Zir, Cable Mountains
Galerie Chambre avec Vues, Paris
08.01 - 28.02.2009
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés
Exposition du 8 janvier au 28 février 2009. Galerie Chambre avec Vues, 3 rue Jules Vallès - 75011 Paris. Tél.: +33 (0)1 40 52 53 00. Ouverture du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous. Entrée libre.
© Zir, Cable Mountain 05, Lambda print sous Diasec 60 x 60 cm
© Zir, Cable Mountain 01, Lambda print sous Diasec 60 x 60 cm
Zir laisse au spectateur le soin de juger, d’élaborer son propre discours idéologique sur l’existence des remontées mécaniques, de définir la symbolique des structures qu’il photographie. Là n’est pas son propos. Il nous donne à voir un cheminement personnel dans un décor dont il saisit une facette inédite.
C’est soudain l’agencement graphique des éléments qui capte notre attention. Le vocabulaire ainsi isolé permet de réécrire le panorama dans des phrases nouvelles. La lourdeur peut alors se faire légèreté, le volume se traduire en dessin, le fonctionnel se muter en esthétique. La prise de vue est ici une quête solitaire, dans un silence feutré d’où naîtra une curieuse mélodie.
Au bout du voyage, on a le sentiment d’avoir assisté à une conversation secrète entre deux interlocuteurs contradictoires, éclairée par une lumière presque surnaturelle. Entre l'humain et le paysage, le dialogue a emprunté une langue métallique. Toutefois, de cela, on conserve une émotion proprement musicale.