Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (P-Q)
L’exposition se développe en cinq sections. La première évoque le toucher. De la préhension première du nourrisson qui cherche à saisir ce qu’il sent et voit autour de lui, au geste du sculpteur qui saisit la matière pour lui donner un sens nouveau. La deuxième s’attache à la peau. À cette frontière perméable entre extérieur et intérieur qui renferme et protège les fluides vitaux : sang, eau, sève, résine… La troisième porte sur le souffle. Souffle du vent qui traverse les feuillages, souffle de la respiration qui anime les corps. Cette mise en résonance du corps et du végétal, rappel de la métamorphose de Daphné d’Ovide, illustre les liens qui unissent l’homme à la nature. La quatrième explore, à travers des empreintes magnifiées, les passages incessants et multiples entre les différents règnes : le minéral, le végétal et l’animal. La cinquième est un chant à la nature retrouvée, chant d’amour à la beauté et la puissance singulière des arbres qui, à l’image des corps, conservent en eux l’histoire et le temps.
Commissariat de l’exposition : Guy Tosatto, conservateur en chef, directeur du musée de Grenoble
Le texte de Guy Tosatto
« Évoquer l’oeuvre de Giuseppe Penone conduit invariablement à parler de la nature, au sens plein et primordial du mot, comme origine et source toujours renouvelée de son inspiration. Le terme même d’inspiration paraît ici un peu faible, tant les liens qui unissent l’artiste aux éléments ont de puissance. On rappelle souvent, en guise de commentaire, l’importance décisive de ses origines paysannes, l’influence de ses années d’enfance passées au contact étroit des champs et des forêts, enfin, durant sa formation artistique, la naissance et les premiers développements du Land Art aux États-Unis.
Il n’empêche que, benjamin des protagonistes de l’Arte Povera, il entame dès 1968 – il n’a alors que vingt et un ans – l’un des oeuvres les plus intenses et les plus riches de ces quarante dernières années. Son approche de la nature s’appuie avant tout sur la connaissance immémoriale inscrite en chacun de nous, dans chaque cellule de notre corps, durant la longue chaîne de l’évolution humaine. Connaissance intuitive, infra-verbale, que nos sens nous transmettent lorsque soudain ils reconnaissent une sensation tactile, une odeur, une image, une saveur ou un son, et qui marque de son sceau l’alliance, chaque fois renouvelée, de l’homme avec l’univers. Aussi l’artiste se fait-il avant tout réceptacle : corps ouvert au monde, aux forces qui l’animent, aux énergies qui le traversent. Pour être ensuite celui par qui s’exprime la nature dans ses manifestations les plus imperceptibles (la croissance, le souffle, l’érosion…), en des gestes simples et primordiaux, des formes d’une étrange familiarité, essentielles et belles. »
Texte de Giuseppe Penone, 1974
Rugueuse,
brillante,
métallique,
poreuse,
compacte,
lisse ;
la peau du printemps, la peau de l’automne, la peau de l’hiver, la peau de l’été.
Chaque saison donne une peau au bois, chaque bois rappelle les saisons, il rappelle le nord planté dans son corps, il rappelle l’ombre de ce qui se trouve à proximité.
La peau du bois est une peau de lumière.
La peau est la structure du bois, elle indique la lumière, elle est une forme modelée de la lumière, une sculpture de la lumière, une photographie en volume.
La peau du bois est la peau de la forêt.
On n’entre pas dans la forêt sans laisser une trace dans la peau du bois.
On retrouve dans son histoire la trace des contacts, du temps, de la sécheresse, de la chaleur, du froid.
La peau du bois nous accompagne ; elle est l’histoire de l’homme, elle se développe seulement là où l’homme peut exister.
Si l’on lit la peau du bois on retrouve toujours quelque chose qui nous parle de l’homme.
Communiqué de presse
Cette exposition de Giuseppe Penone est la première en France depuis sa rétrospective au Centre Pompidou en 2004. Il conçoit ici un parcours très libre alternant œuvres anciennes et nouvelles, sculptures et réalisations murales, pièces monumentales et œuvres intimistes. À la manière de Bachelard, il offre une rêverie sensuelle et poétique sur les éléments, qui mène incidemment à une approche renouvelée de la relation de l’homme à la nature, des liens profonds et indéfectibles qui les unissent. Bois, marbre, bronze, mais aussi végétaux, soie, cuir, graphite donnent formes à un nombre important de sculptures ainsi qu’à une réalisation in situ. Elles sont accompagnées d’une sélection de dessins, dont de nombreux inédits, qui viennent éclairer leur genèse.
.
22.11.2014 - 22.02.2015
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2014. Tous droits réservés
Exposition du 22 novembre 2014 au 22 février 2015. Musée de Grenoble, 5 place de Lavalette – 38010 Grenoble. Tél. : +33 (0)4 76 63 44 44. Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h30.