Archives expositions personnelles France
Extrait du texte de Valérie Douniaux, 2013,
Docteur en histoire de l’art, spécialisée en art moderne et contemporain japonais
On ne peut être que d’emblée fasciné, comme happé, par la beauté des photographies d’Asako Shimizu (née en 1969, Tokyo, Japon), par l’harmonie qui se dégage de ces images si pures, où la lumière règne en maître. Ces espaces flottants nous font perdre nos repères habituels, nous entraînent dans un monde qui parait à mi-chemin entre rêve et réalité. Nous assistons au mariage du ciel et de la terre, à la naissance d’un entre-deux plein de promesses. L’homme parait bien petit face à cette nature majestueuse. Il n’apparaît plus que comme un point à l’horizon, se fond dans son environnement, jusqu’à parfois disparaître complètement et retourner à la matrice originelle, à ce grand vide révéré par les religions d’Asie. A moins que les images d’Asako Shimizu ne soient là au contraire pour nous remémorer la naissance de l’humanité à partir de l’eau, de la lumière et de la terre nourricières, et pour exprimer à ces dernières notre reconnaissance.
Le titre de la série, On her Skin, fait d’ailleurs directement référence à la terre, hier, cette terre que nous partageons tous, qui est notre bien commun, universel, mais que nous malmenons tant. (...)
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Caption: Asako Shimizu, On her Skin #1, 2006
Ces pauses hors du temps, ces courtes respirations à peine ressenties qu’elles ont déjà disparu, deviennent éternelles par la magie de la prise de vues, par l’attention portée par Asako Shimizu au moindre souffle de la nature. Fidèle à une conception du monde ancrée dans la pensée asiatique, Asako Shimizu se positionne humblement comme un modeste rouage d’un grand tout, là où les Occidentaux définissent le monde de manière centrifuge, à partir de leur propre personne, de leur propre regard, rendant impossible toute fusion et tout équilibre dans leur relation à la nature. L’artiste avoue d’ailleurs avoir redécouvert lors de sa quête bolivienne ses racines japonaises, celles qui étaient enfouies en elle mais qu’elle peinait à percevoir ; et nul doute que ce travail à la fois ouvert au monde et introspectif est largement imprégné de la conscience, si prégnante chez les Japonais, de l’impermanence des êtres et des choses.
Riche de sens, la série On her Skin dégage cependant également une force visuelle hypnotique, une densité picturale qui confine parfois à l’abstraction. (...)
L’artiste japonaise nous réapprend ainsi à regarder et respecter la nature, nous rappelle quelle est notre place sur cette planète et, par là même, nous offre des instants précieux qui ont la clarté du cristal et la douceur enveloppante d’une nouvelle aurore.
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2013. Tous droits réservés
Exposition du 7 novembre 2013 au 11 janvier 2014. Next Level Galerie, 8 rue Charlot - 75003 Paris. Tél.: +33 (0)1 44 54 90 88. Ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h, dimanche et lundi sur rendez-vous.
Archives expositions personnelles (S)
07.11.2013 - 11.01.2014