Archives expositions personnelles France

Texte de Bernard Blistène (extrait de Documentsd’artistes.org)


« L’oeuvre entier d’Erik Samakh naît d’un dialogue constant entre l’homme et la nature. Attentif à ses bruits et à ses sons, à ses couleurs comme à ses différents règnes, il agit en arpenteur. Depuis quelque 25 ans, il capte, enregistre, et restitue dans l’espace du musée ce qui constitue pour lui une véritable matière plastique qu’il installe et diffuse en autant de lieux propres à la découverte. L’espace ambiant, dévolu jusqu’alors au pouvoir des images, devient tantôt un « lieu d’écoute », tantôt un « espace de silence » et transforme notre approche perceptive et perceptible du réel. Mais il intervient aussi dans le paysage et le fait réagir, en y greffant différents instruments de son invention. Erik Samakh n’est pas tant un acousticien qu’un artiste du temps présent, attaché à offrir de possibles expériences et sensations au delà du visible... »


Présentation du projet d’Erik Samakh


Dans le château de Trévarez où une colonie de grands rhinolophes a élu domicile, Erik Samakh développe un projet artistique autour de leur présence pour le moins inattendue. Batbox, du nom de l’enregistreur à chauve-souris, et clin d’œil à leur nouvelle maison, est l’installation que l’artiste conçoit pour le rez-de-chaussée des écuries du château, traitée comme une proposition artistique immersive qui joue de nos perceptions : obscurité, odeur de sous-bois, sons étranges donnent la sensation de la présence des chiroptères sous la verrière. Le leurre, présent dans le travail de Samakh, s’intéresse davantage aux relations entre les choses qu’aux choses elles-mêmes ; ici il s’agit bien de mettre en évidence un certain renversement de l’ordre « naturel », où l’animal a profité d’une vacance et d’une mesure de protection. C’est le sens également des deux vidéos présentées à l’étage des écuries en établissant un parallèle troublant entre ce qu’elles nous donnent  à voir, le lieu de vie des chauves-souris, pour l’une, et e les Zones de silence et les plantations de bambous chez l’artiste pour l’autre.


La suite, c’est une série de portraits de l’artiste, dont l’un créé pour l’occasion, toujours dans cette même idée de réfléchir à notre relation à la nature et à l’animal. Ce portrait, Erik Samakh en pied, mais à l’envers, nous invite à méditer : « Je préfère me voir en trappeur plutôt qu’en prêcheur. [...] Protéger la nature pour elle-même, avec un extrémisme qui viserait à en éliminer l’homme relève pour moi d’une dangereuse dérive idéologique. »


Les autres portraits viennent éclairer autant l’œuvre que la façon d’être de l’artiste, nous donnant à penser comme Paul Ardenne qu’Erik Samakh « incarne pour nous, comme un éclaireur, l’univers de la nature et de l’homme réconciliés, qui ne font pas deux mais avancent solidairement, de manière osmotique. [...] Tous les portraits exposés, qui montrent l’artiste besogneux, ne désignent rien d’autre que l’  « homme nature ». Non pas le Bon sauvage rousseauiste, objet de tant de spéculations mais un autre type d’humain, autrement plus proche, celui-ci, de l’humanisation concrète que du champ philosophique. Regardons. Ici, nous voyons le jeune Erik Samakh serrer entre ses mains, comme un trésor, trois magnifiques lézards. Là, nous le voyons nu, seul au milieu d’un territoire sombre de basalte, tel le chasseur du paléolithique à l’affût, encore qu’il s’agisse pour lui d’enregistrer des sons, ou de capter des images. Une autre photographie montre l’artiste tapi dans une forêt, et une autre encore, s’adonnant à quelque collecte plus ou moins mystérieuse dans une nature aux allures de climax, de lieu édénique de commencement du monde. Encore, au beau milieu d’une mare, tenant une longue perche, une attitude combinant celles du pêcheur et du perchman... Parfois, on le devine à peine, dissimulé qu’il est par de hautes herbes, par un feuillage. Mais l’on sait – l’on sent – qu’il est là, au sein de cet univers qui lui est propre, lieu élu de son intimité ; cette nature dont nous avons, nous spectateurs, perdu pour l’essentiel la substance, avec laquelle nous ne partageons plus grand-chose, sauf de trop rares moments de randonnée et de contact rapproché. » Paul Ardenne



Erik Samakh, Batbox, projet pour le Domaine de Trévarez

Exposition du 7 avril au 14 octobre 2012. Domaine de Trévarez - 29250 Saint-Goazec. Tél. : +33 (0)2 98 26 82 79. Ouverture tous les jours, du 1er juillet au 31 août de 10h à 18h30, et du 1er septembre  au 14 octobre de 13h à 18h30.

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés

Erik Samakh, Batbox, projet pour le Domaine de Trévarez. Images courtoisie du Domaine de Trévarez

Erik Samakh, Batbox,  Domaine de Trévarez

Archives expositions personnelles (S)

  Erik Samakh, Batbox
   Domaine de Trévarez
   07.04- 14.10.2012