Archives expositions personnelles France

Archives expositions personnelles (P-Q)

Communiqué de presse


Think Park projette le visiteur dans une exposition prise sous l'angle du laboratoire d'idées. L'artiste nous convie à un étrange rassemblement d'architectures: un garage, quelques cabanes, un bateau transformé en maison coexistent pour un hypothétique conciliabule qu'il nous appartiendra d'imaginer... Surtout lorsqu'on saura que ces habitations d'un genre mineur sont les reproductions de lieux privés dans lesquels philosophes, écrivains ou inventeurs célèbres se retiraient pour travailler. Car le travail chez Julien Prévieux relève d'abord d'une pensée qui échappe au bruit et à la lumière des projecteurs, pour commencer discrètement dans le retrait, la solitude parfois, en tout cas à côté de la maison principale, au fond du jardin ou sur les hauteurs d'une colline reculée. Bref, ça ne se voit pas. Think Park compose un cercle de réflexion en forme de quartier, dans lequel peuvent cohabiter Gustav Mahler, Ludwig Wittgenstein, Alexander Graham Bell ou encore Virginia Woolf. Il est à parier que ce "réservoir de pensée" entretient des liens ténus avec les "thinks tanks" dans lesquels experts émérites, analystes chevronnés et spécialistes en tous genres dictent en sous-main les politiques publiques.


L'intérêt de Julien Prévieux pour l'organisation des savoirs et l'accumulation des connaissances (parfois jusqu'à saturation) est au coeur d'une seconde installation produite pour l'exposition. Celle-ci prend la forme d'une bibliothèque des idées obsolètes et dépassées et procède d'une laborieuse collecte de livres, dont le contenu n'aurait plus assez de valeur pour être conservé. Suite à un long travail de récupération dans des bibliothèques publiques et privées, l'artiste s'emploie à sauver du pilon des livres oubliés, méprisés, en marge des savoirs à la pointe, qui continuent à faire sens, une fois réorganisés dans cette bibliothèque de rebuts linguistiques, techniques et historiques. Exponentielle, l'oeuvre pourra être alimentée pendant l'exposition par les visiteurs, ou tout autre généreux contributeur.


Ce qui se dessine avec la bibliothèque et les cabanes, ce sont des lieux à part, ou, pour reprendre le concept forgé par Michel Foucault, des hétérotopies, ces "espaces autres" qui donnent soudain à l'utopie une réalité tangible.























Cette sculpture est une réplique du premier superordinateur imaginé par Seymour Cray en 1977 pour la NASA. A l'époque, sa phénoménale capacité de traitement des informations et son design coloré et ergonomique font de lui un symbole de positivisme scientifique. L'artiste s'attaque à ce monstre technologique pour le reconstruire artisanalement et le vider de son contenu. Il conçoit une coquille en bois qui devient à la fois un totem aux pouvoirs potentiels et un simple meuble sur lequel les visiteurs peuvent se reposer.



Julien Prévieux, Have a rest, 2007, sycomore, hêtre, cuir, MDF, 3,5 x 3 x1,8 m

Julien Prévieux, Have a rest, 2007, sycomore, hêtre, cuir, MDF, 3,5 x 3 x1,8 m

Julien Prévieux, Le véritable modèle 63, 2008. Bois, verre, 253 x 163 x 100 cm

Julien Prévieux, Le véritable modèle 63, 2008. Bois, verre, 253 x 163 x 100 cm

A première vue, c'est une fenêtre relativement ancienne, placée dans une vitrine, qui se présente comme une relique. L'artiste induit qu'il y a eu déplacement, passage d'un environnement du quotidien à un lieu d'exposition. Cet élément paraît d'abord dénué d'intérêt ou d'une quelconque valeur plastique, et pourtant... Le véritable modèle 63 est une sculpture chargée d'une histoire complexe. Cet objet est une réplique de la fenêtre depuis laquelle Lee Harvey Oswald a assassiné Kennedy en 1963. Deux fenêtres du 5ème étage de la scène du crime auraient été enlevées au même moment. La première est conservée par le fils du propriétaire du bâtiment, qu'il expose dans un musée consacré à l'événement; la deuxième est préservée de tout regard extérieur par le second propriétaire des lieux. Lors de la vente aux enchères de la première fenêtre sur Internet (3 millions de dollars), le deuxième propriétaire apparaît alors, rétorquant qu'il possède la véritable et authentique fenêtre.

  Julien Prévieux, Think Park
  La Synagogue, Delme
 18.10.2008 - 01.02.2009

Exposition du 18 octobre 2008 au 1er février 2009. Synagogue de Delmes centre d'art contemporain, 33 rue Poincaré - 57590 Delmes. Tél.: +33 (0)3 87 01 43 42. Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 18h, dimanche de 11h à 18h. Entrée libre.




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 Julien Prévieux, Think Park, La Synagogue, Delme

La glissière de sécurité métallique utilisée pour Glissement est un élément de mobilier urbain exploité dans le monde entier depuis les années 50. L'artiste s'empare de cet exemple de standardisation pérenne qui a complètement modifié le paysage contemporain pour scénographier l'espace de la galerie, altérant radicalement la circulation des visiteurs. Ces dispositifs passifs constituent des cadres de sécurité rigides et asphyxiants en même temps qu'ils délimitent, par leur simple présence, des zones de dérapages potentiels. Ici, le rail se mord la queue, dessinant un cercle parfait qui n'est pas sans évoquer la sculpture minimaliste d'un Donald Judd. Adepte des parcours d'obstacles, Julien Prévieux place le spectateur face à une structure fermée sur elle-même ainsi qu'à un choix: accepte-t-il d'être rejeté à la périphérie? S'introduit-il dans le cercle en franchissant la barrière? Ou décide-t-il de se précipiter dessus pour rendre l'objet à sa fonction première en testant sa capacité de résistance aux chocs?


Julien Prévieux profite de cette situation de confusion pour ajouter une autre part d'ambiguïté à cette affaire. L'artiste crée une autre fenêtre ainsi qu'un nouveau doute. Pour la réalisation du véritable modèle 63, il se sert des indications données par le conservateur du Musée et tente de reproduire à "l'identique" de ce fameux objet. Il recrèe le même dispositif de monstration: la fenêtre est présentée dans une vitrine, calée entre quatre tasseaux de bois, entrouverte comme au moment du drame.




Julien Prévieux, Glissement, 2004. Métal galvanisé, 3,5 m de diamètre

Julien Prévieux, Glissement, 2004. Métal galvanisé, 3,5 m de diamètre