Archives expositions personnelles (M)
L’art qui dialogue avec l’environnement
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés
Voilà pourquoi la rencontre improbable et pourtant évidente du vivace et de l'inerte est au coeur du travail présenté aujourd'hui au musée par ce jeune artiste à la très large palette: sculpture, peinture, photographie, collage, sérigraphie, tout est mis en oeuvre pour orchestrer une célébration de la Nature dans tous ses états, pour délivrer les prophéties des déités et transmettre les tabous cachés des totems.
Éveiller les foules et les hypnotiser, en mettre plein les yeux pour essayer de changer un peu les regards portés, cela s'appelle un enchantement, un sortilège. C'est assez normal car cet homme est un peu sorcier. Comme nous tous. Comme Dame Nature.
Extraits du dossier de presse
Pour sa première exposition en France depuis sa rétrospective en 2007 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Mathieu Mercier présente du 20 janvier au 25 mars 2012 au Centre d’art contemporain d’Ivry – Le Crédac un ensemble d’œuvres récentes dont plusieurs productions inédites.
Croisement irrésolu entre le projet des avant-gardes qui attribue à l’objet artistique une valeur pratique, et le geste duchampien donnant à l’objet d’usage une valeur symbolique, le travail de Mathieu Mercier redéfinit sans cesse les modalités de production des objets et leur passage dans le champ de l’art. Un des sujets favoris de l’artiste est la relation que la modernité a installé avec les objets et comment elle se poursuit aujourd’hui, où chacun d’entre nous dans cette partie du monde possède vingt fois plus d’objets que par le passé.
Tout au long de l’exposition au Crédac, Mathieu Mercier poursuit sa réévaluation des standards de production et donc de représentation mentale des objets, des formes, des images. Il fait appel à des éléments de vocabulaire formels relatifs aux années 1950, époque d’apogée de la croyance en l’industrie, en la standardisation, comme facteurs de progrès. A mi-chemin entre naturel et artificiel, sculpture et readymade, science et illusion, l’exposition de Mathieu Mercier joue de nos systèmes de représentation et propose une investigation de notre rapport au réel, et plus particulièrement de ce qui advient dans l’interstice de cette relation. Elle se décompose en trois salles distinctes.
Exposition du 20 janvier au 25 mars 2012. Le Crédac centre d’art, La manufacture des Oeillets, 25-29 rue Raspail - 94200 Ivry-sur-Seine. Tél.: +33 (0)1 49 60 25 06. Entrée libre tous les jours sauf le lundi de 14h à 19h et sur rendez-vous.
Dans la salle « musée » (où l’on reconnaît l’intérêt de l’artiste pour les supermarchés), Mathieu Mercier poursuit sa création de systèmes de systèmes de production d’associations d’idées. Il associe des objets d’usage courant à des représentations d’outils de mesure, illustrations encyclopédiques, pictogrammes directifs ou informatifs. Parfois légèrement déformés, ils sont imprimés par un procédé dit de « sublimation » dans la masse des socles blancs en Corian. Cette représentation de différents éléments situe avec malice les œuvres dans un intermédiaire entre science et esthétique. Chacune des œuvres de cette série constitue une trilogie. La tension entre deux objets crée une énigme, une question vivifiante entre le réel, l’objet, son référent et le spectateur qui a pour mission de combler avec ses propres outils le vide entre les deux.
Dans la salle « de la rue » (où l’on reconnaît l’intérêt de l’artiste pour les musées), Mathieu Mercier compose une scène urbaine. Jouant de la transformation des standards, ce décor reformule notre relation à l’extérieur et notre manière d’appréhender les formes qui nous entourent, à partir de trois éléments distincts : un vélo, un banc et un lampadaire. Les références de l’artiste font partie d’un socle d’identification des objets sans que pour autant ces renvois ne se suffisent jamais à eux-mêmes. Les pièces ne valent que par leur capacité à se connecter à des champs de référence culturels plus vastes, à s’insérer dans un champ social et politique.
Dans la salle « du musée d’histoire naturelle » (où l’on reconnaît l’intérêt de l’artiste pour les cultures populaires, plongée dans l’obscurité, une sorte de grande vitrine héritée des museums abrite un couple d’axolotls. Tout à la fois vivarium, aquarium, théâtre, système d’exposition, cet espace est un paysage indéterminé. De même que l’ensemble des objets introduit dans l’exposition l’immédiateté du quotidien, les axolotls abolissent la distance, voire même suscitent l’empathie du spectateur. A l’inverse du diorama qui n’était qu’une forme aboutie d’illusionnisme, de vulgarisation de la science par le spectacle, ici existe uniquement la littéralité des objets. Cette œuvre nous revoie à notre représentation des origines et nous conduit à réfléchir à nos schémas préétablis de connaissance et de représentation.
Commissaire de l’exposition : Claire Le Restif, directrice du CREDAC
Mathieu Mercier, Sublimations
Le Crédac, Ivry-sur-Seine
20.01 - 25.03.2012