Archives expositions personnelles (L)
L’art qui dialogue avec l’environnement
Communiqué de presse
En résonance avec la Biennale de Lyon 2011
Dans la continuité des châteaux en Espagne, photographies d’architectures inachevées, suspendues dans le paysage à l’état d’esquisses, Perrine Lacroix développe des constructions éphémères, mi-sculptures, mi-architectures.
Ici, c’est autour d’un balcon en forêt, le romand de Julien Gracq, que se développe son projet. Le lacon est à la fois ligne de partage et lien entre l’espace fermé du réel, habité par l’histoire, et l’espace ouvert de la forêt, celui de l’imaginaire. Il rend possible la contemplation, la découverte, la re-découverte de soi mais aussi l’appel du dehors.
Il fait partie de ces lieux réels qui sont des sortes de contre-emplacements, des sortes d’utopies effectivement réalisées, sortes de lieux hors de tout les lieux, bien que pourtant localisables. « Ces lieux, parce qu’ils sont absolument autres que tous les emplacements qu’ils reflètent et dont ils parlent », Michel Foucault les appelle les hétérotopies. Espaces concrets, en rupture avec le temps réel, ils hébergent l’imaginaire, comme une cabane ou un théâtre.
Perrine Lacroix © Un balcon en forêt, 2011
Perrine Lacroix, Un balcon en forêt
ATC Groupe, Rillieux la Pape
09.09 - 31.12.2011
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés
Exposition du 9 septembre au 31 décembre 2011. ATC Groupe, 403 rue d’Athènes – 69140 Rillieux la Pape. Ouverture du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 14h à 18h (sauf vendredi 17h). Entrée libre.
Le texte d’Audrey Ilouz, Terrains vagues, 2010
Etais, gravats, armatures métalliques, béton sont autant de termes empruntés au vocabulaire de la construction, autant de matériaux qui trouvent également grâce dans les œuvres de Perrine Lacroix, quand bien même ils ne serviraient qu’à construire des leurres, des Châteaux en Espagne. C’est d’ailleurs le titre d’une série de photographies amorcée en Crète en 2004 et poursuivie aux Cyclades et en Algérie. L’artiste photographie des carcasses de bâtiments laissées à l’abandon et qui semblent suspendues dans le temps. Ces ruines issues d’un passé proche parsèment le paysage contemporain. Mais point de sacralisation de la ruine, point de nouvelle Eldena à chercher dans le recensement de ces formes profanes appartenant à l’habitat. (…)
Semi-s, l’installation in situ que Perrine Lacroix a conçue au Centre d’Art de Chelles oscille à son tour entre émergence et disparition : la maquette d’une maison en construction semble paradoxalement s’enfoncer dans le sol, comme le montrent les ouvertures des portes trop petites pour pouvoir passer. Les murs se prolongent à l'extérieur du bâtiment par un simple tracé à la poudre de béton, évoquant aussi bien la fouille archéologique que le dessin préparatoire à une construction. Le mur du bâtiment fonctionne étrangement comme un miroir déformant entre intérieur et extérieur.
On décèle ainsi dans les œuvres de Perrine Lacroix la coexistence d’une chose et de son contraire, ainsi que la récurrence du motif du double comme le montrent deux autres œuvres réalisées au cours de sa résidence aux Cressonnières à Chelles en 2009, une cité qui s’apprêtait à être détruite.
Pour Mon-t, elle transporte à l’intérieur d’un appartement un tas de terre provenant du chantier à l'extérieur du bâtiment. Ce tas émerge d’un côté et de l’autre d’une cloison murale. Si les Earthworks de Walter de Maria résonnent dans cet espace domestique reconverti in extremis en white cube involontaire, au-delà de cet écho historique, le visiteur est confronté à une situation spatio-temporelle double. Depuis la fenêtre de l’appartement, il aperçoit d’autres monticules de terre liés au terrassement. La transposition d’un monticule à l’intérieur de l’appartement opère un déplacement : elle vient rappeler un état transitoire et annonce la disparition imminente.
Dans In-t, une forêt d’étais envahit un appartement du sol au plafond. L’usage d’un étai en maçonnerie est provisoire.. En multipliant son emploi, l’artiste signale une tension, une tentative de ralentissement de l’effondrement à son tour imminent.
Par une stratégie de déplacement et de détournement d’objets usuels, Perrine Lacroix évoque un état transitoire et suspendu dans le temps où les terrains vagues deviennent la métaphore de cette indétermination entre passé inachevé et avenir incertain.