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L’art qui dialogue avec l’environnement
Communiqué de presse
Thomas Lanfranchi présente à l'artothèque de Pessac des oeuvres en lien avec sa problématique de la lévitation et du volume dans l'espace. Ces notions sont expérimentées et traduites sous forme de grands dessins, de vidéos, de photographies et de sculptures volantes et flottantes.
La démarche de Thomas Lanfranchi s'articule principalement autour de deux activités, la confection de volumes dont la seule fin est d'exister lors de performances et un corpus de dessins mis en place depuis 1988 sous le titre de "Thomas Lanfranchi, ou l'histoire vraie de la lévitation des formes" qui relate ses désirs, recherches intuitives, burlesques et spontanées de phénomènes souvent irrationnels, abordés par la science fiction, la littérature fantastique ou les religions et qui sont pour lui une nouvelle voie ouverte aux artistes de demain.
Il y a un côté archaïque dans ses réalisations, car avec un coupon de toile ou une pile de sacs poubelle, un fil, une aiguille et du scotch, l'artiste peut réaliser n'importe où dans le monde, seul et en peu de temps, une gigantesque sculpture prenant vie par une énergie hautement renouvelable. L'espace, et le plus souvent le ciel, isole les formes, les révèle et les fait exister en tant que volumes.
Ses impressionnants volumes colorés peuvent atteindre 20 mètres de longueur, ils oscillent entre monumentalité et fragilité, toujours en mouvement, instables, gracieux.
"Habité depuis maintenant une dizaine d'années par des idées de légèreté et de transparence, j'utilise le vent et la lumière en intervenant dans des sites choisis. Ces deux éléments me permettent de m'approcher, pour le moment, au plus près de mes idées de lévitation monochromique et formelle qui sont au centre de mes recherches." Thomas Lanfranchi
On peut croiser ses formes volantes à Hossegor, la dune du Pyla, Soulac, Peyressource, mais aussi à Sydney, Hong Kong, Liverpool ou Pasadena.
Les dessins, autre volet du travail de l'artiste, sont rehaussés par des aplats monochromes de fragments découpés d'une toile de spi, auparavant volante, et d'arabesques, d'où surgissent progressivement formes animales, visions de science-fiction ou haikus, parfois réduits à un seul mot.
Exposition du 21 janvier au 8 avril 2010. Les arts au murs Artothèque, 16 bis avenue Jean-Jaurès - 33600 Pessac. Tél.: +33 (0)5 56 46 38 41. Ouverture du mardi au vendredi de 11h à 18h, le samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous.
Le texte de François Coadou
Les oeuvres de Lanfranchi, ce sont d'abord ces espèces de cerfs-volants, de forme souvent géométrique, minimale, et souvent de plusieurs couleurs, réalisés avec des matériaux pauvres : sacs plastiques - parfois sacs poubelle - assemblés avec du scotch. Crime de lèse-majesté comme on voit, à l'égard de la sculpture : car si l'on est bien dans quelque chose qui y ressemble - ce qu'on appelle encore aujourd'hui le volume - on est loin cependant des matériaux précieux qui en ont fait l'histoire : marbre ou bronze. Or, qu'on y prenne bien garde, et l'on verra que c'est plus généralement que Lanfranchi s'empare des codes mêmes de la discipline, des propriétés traditionnelles du genre pour mieux les bouleverser.
Ainsi, là où l'on s'attendait à des formes nettement dessinées, fermement limitées, en dur, ce sont plutôt des formes mouvantes auxquelles on a affaire, formes changeantes au gré du vent. Là où l'on s'attendait à du pérenne, c'est plutôt de l'éphémère. Les sculptures, ici, ne tiennent plus par elles-mêmes. Il y faut encore la collaboration en carte des forces élémentaires et d'un corps. Sa présence. Ce ne sont autrement que dépouilles mortes. L'on comprend dès lors à quel étrange alliage cela invite : hybridation, si l'on préfère, de sculpture et de performance. Et l'on comprend du même coup la difficulté qu'on rencontre à les exposer. Sinon peut-être comme cadavres, posés là, ou bien dans une espèce de reconstitution, au mieux, comme sous appareils, à l'aide de ventilateurs.
C'est pour cette raison, sans doute, que découlant logiquement de ce travail, sculpture et performance, Lanfranchi développe également un travail photo et vidéo, qui lui permet de montrer ce que sont ses oeuvres lorsqu'elles se dressent, à bout de bras, et respirent, vivantes, au grand air. Mais voici qu'on parle d'elles comme si c'était autant d'êtres animés. Cela peut paraître idiot. Ce n'est pourtant pas beaucoup se tromper.
Il y a chez Lanfranchi un côté chamanique, presque occulte. Ce dont il s'agit, chaque fois, c'est de capter et c'est de donner forme, dans la sculpture performée, aux faisceaux d'énergie, fussent-ils les plus contradictoires. Il en va chaque fois d'une relation physique, d'un corps à corps avec le monde, dont la sculpture, sa chaire même, performée, est le résultat nécessairement fragile et sans cesse à recommencer.
A côté des sculptures, des photos et vidéos, on trouve aussi chez Lanfranchi des dessins. [...] D'évidence, il y a trop de similitudes de part et d'autre. Ne serait-ce que le goût pour les matériaux pauvres : sacs plastiques là encore, que complète le choix d'un papier somme toute assez grossier ou du crayon de mine. De même - et quant au sujet maintenant - les dessins de Lanfranchi représentent-ils volontiers des éléments primitifs : tantôt organes isolés, tantôt animaux tout entiers. Par où l'on voit revenir, si l'on veut, la dimension chamanique tout à l'heure évoquée? D'autant que cela se déploie pour lors dans de grands formats, autre et nouvelle manière de mettre en jeu la corporéité, d'ouvrir un espace, d'y donner libre cours à des explosions d'énergie (dont le trait, marqué, porte assez témoignage, rendu plus visible encore par le contraste qu'il entretient avec les sacs en aplat). Similitudes disait-on. Mieux vaudrait parler, dans le fond, sous l'aspect de médiums différents, d'obsessions identiques.
Ci-contre : Thomas Lanfranchi, 1996. Tirage pigmentaire
Ci-dessous : Thomas Lanfranchi. Photo Agnès Aubagne © Semiose Galerie
Thomas Lanfranchi
Artothèque de Pessac
21.01- 08.04.2010
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