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L’art qui dialogue avec l’environnement

Extraits du dossier de presse - Marika Prévosto


L’exposition The Place of No Roads présentée à l’artothèque de Caen évoque le voyage d’un homme à la recherche d’un idéal de société. Le photographe finlandais Ville Lenkkeri a cru trouver dans l’Arctique, sur les îles Svalbard, les conditions nécessaires au développement d’une manière de vivre exceptionnelle, basée sur l’entraide et l’équité. Ses conclusions se sont révélées bien différentes. C’est cet espace intermédiaire, entre utopie et réalité, entre relecture subjective du passé et ce qui fut, que l’exposition The Place of No Roads vous propose d’explorer.


Répondant à une commande artistique initiée par le Conseil national des œuvres photographiques et l’académie des Beaux-arts Finlandais, le photographe a réalisé trois séjours à partir d’août 2003 dans les îles Svalbard. Lors d’un parcours quasi initiatique, il est parti explorer les vestiges d’une société idéale basée sur une répartition égalitaire des richesses. Il a exploré la ville de Pyramiden, peu à peu dépeuplée et laissée à l’abandon à la fin des années 1990, ainsi que celle de Barentsburg où subsiste une activité industrielle autour des mines de charbon. Ces villes, bâties par des compagnies minières sur des îles d’une nature sauvage, à l’extrême nord de la Norvège, proposaient des contrats de deux ans à des ouvriers qui disposaient sur place d’infrastructures semblables aux nôtres, à cela près que les îles Svalbard étaient vierges de toute route et qu’aucun argent n’était en circulation. Les ouvriers ne percevant leur salaire qu’en fin de contrat, tous leurs besoins sur place étaient pourvus par les entreprises qui les déduisaient de leur salaire final. Les journées étaient rythmées par le travail et la vie associative, très active. La vie sur les îles Svalbard a amené Ville Lenkkeri à rêver d’une société autre, loin des valeurs du commerce et de l’individualisme. Il a voulu retranscrire dans ses photographies cette société idéale, aujourd’hui disparue suite à l’épuisement des mines.


Si dans la région explorée par le photographe on raconte encore que la punition suprême était d’être chassé de cette communauté – comme Adam et Eve ont pu l’être du Jardin d’Eden -, d’anciens mineurs qu’il a rencontrés à la fin de son voyage lui ont donné une image tout autre de la réalité. C’est forcés par l’absence de travail dans leur région natale que les ouvriers acceptaient leurs contrats éphémères. L’absence de routes rendait toute sortie de la communauté impossible. Il s’agissait en fait pour les ouvriers vivant sur place d’une vie de labeur dans les mines et le froid polaire, plus proche d’un camp de travail forcé que d’un paradis perdu.




 






   

   



 

















Les grands formats photographiques de Ville Lenkkeri relatent deux histoires : d’une part celle d’un jeune artiste sur les traces d’un idéal de société ayant existé et d’autre part, la réalité d’un lieu, atypique par sa position géographique, et de ses habitants. Ville Lenkerri a choisi de montrer des lieux communs, fréquentés autrefois, marqués d’une identité et d’une esthétique singulières. Les photographies de la ville fantôme de Pyramiden, où l’humanité est suggérée par divers objets, apparaissent comme des espaces méditatifs. L’artiste en a parfois modifié l’aspect et a projeté dans ses images ses propres aspirations par le choix du cadrage et des points de vue. Il s’agit là d’une approche empirique, partagée entre l’envie d’une confortation de position utopiste et une désillusion progressive face à la réalité. Les artistes sont les témoins d’une époque et d’une réalité sous-tendue par un système idéologique, politique, économique. En interrogeant la réalisation passée du système communautaire dans ces villes minières, Ville Lenkkeri invite le public à réfléchir sur le présent, mais sa sensibilité reste prédominante dans la composition de ses images.


Exposition réalisée dans le cadre du XXe festival les Boréales.

 Ville Lenkkeri, The Place of No Roads
  Artothèque, Caen
  08.11 - 30.12.2011

 Ville Lenkkeri, The Place of No Roads, Artothèque, Caen

Exposition du 8 novembre au 30 décembre 2011. Artothèque de Caen, Hôtel d’Escoville – place Saint-Pierre – 14000 Caen. Tél. : 02 31 85 69 73. Ouverture du mardi au samedi de 14h à 18h30.




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